Recrutement dans l'IT : Les rôles se sont inversés

Recrutement dans l'IT : Les rôles se sont inversés

Comme beaucoup de personnes évoluant dans le monde du travail aujourd'hui qui se font aujourd'hui chasser, je suis présent (entre autre) sur des réseaux sociaux tels que LinkedIn. Pourtant, de part mon passé professionnel, je fais parti des gens qui ont eu beaucoup de mal à décrocher leur premier emploi.

Je fais en effet parti des personnes qui n'ont pas de diplôme supérieur, mon cursus scolaire s'étant arrêté au baccalauréat.

2006 : Premier poste - Hotliner

En 2006, je décrochais mon premier emploi, j'étais hotliner, je répondais à des appels pour aider des particuliers sur leurs ordinateur et EGP (Electronique Grand Public - TV, lecteur DVD etc...) pour la Fnac et Surcouf. Pour obtenir ce poste, j'ai du envoyer une bonne centaine de CV et de lettres de motivation.

Les lettres de motivation, parlons en d'ailleurs, c'est sans doute le pire calvaire lorsqu'on est à la recherche d'un emploi, d'autant plus quand il s'agit d'un emploi n'étant pas particulièrement qualifié et ne mettant pas vraiment en avant nos ambitions. Pour être honnête, non, mon rêve dans ma vie n'a jamais été de me faire insulter deux appels sur trois, et être pris pour un idiot durant le troisième. Vanter les qualité pour le moindre poste est un enfer purement français dans l'étape du recrutement.

Pour en revenir à mon premier poste, décrocher ce dernier m'a semblé très difficile à l'époque, et mon entretien était un véritable cauchemar, vu le peu d'entretien que j'avais fait auparavant. Je me suis retrouvé face à un RH dont le seul but était de m'intimider "pour voir si je supportais la pression, une qualité requise à ce poste", avec le recul, je comprends le besoin, mais cet entretien m'a tout de même marqué, peut-on considérer celui-ci comme une expérience "traumatisante" ?

Je suis resté à ce poste durant deux ans, avant de vouloir passer à autre chose. Je suis parti sur de l'intérim / SSI pendant quelques années, voguant de client en client, mais en stagnant toujours sur des postes similaires, à savoir hotliner, technicien helpdesk, technicien de proximité.

J'ai donc continué à chercher, envoyant une fois de plus plusieurs centaines de CV, je suis arrivée dans une petite SSI qui m'a vendu un plan de carrière dès l'entretien, la promesse de pouvoir évoluer vers des postes qui m'intéressaient plus, il m'aura fallu plusieurs années avant d'avoir une opportunité.

Je dois admettre que ce plan a effectivement été mis en exécution, je suis rentré en 2013 dans cette entreprise en tant que technicien bureautique, la même année, je passait technicien d'exploitation, puis application manager en 2015, pour terminer enfin au poste d'ingénieur SysOps en 2016. Les méthodes de travail de cette SSI ne me convenant plus, et le salaire étant bien plus faible que ma valeur sur le marché à ce moment, j'ai commencé à chercher ailleurs, et je suis passé en interne dans mon entreprise actuelle au poste d'architecte cloud.

Pourquoi je vous raconte tout ça?

Pour vous expliquer un peu comment un non diplômé peu avoir du mal à trouver un emploi, que cela demande de la persévérance, de la volonté, et d'avoir du soutien. Plusieurs fois, j'ai voulu abandonner. Quand on envoie des centaines de mails par semaine, qu'on se déplace pour déposer son CV, qu'on écume le moindre site d'emploi sans jamais avoir la moindre réponse (même négative), cela met un gros coup sur le moral. Mais pas seulement...

L'éducation nationale ne nous prépare pas au vrai monde du travail

Force est de constater que mes études jusqu'au baccalauréat général (Série Scientifique) ne m'ont pas préparé au monde du travail. Savoir rédiger une lettre de motivation, savoir comment faire son CV, comment bien réussir un entretien d'embauche.

Je dois admettre que le théorème de Pythagore (qui à sans doute traumatisé bien des collégiens) ne m'a pas servi le jour où je me suis retrouvé face à un recruteur, pourtant une grosse partie de la scolarité est basée dessus.

A aucun moment dans ma scolarité on ne m'a expliqué comment se déroulait un entretien, comment répondre, les mots et les postures à éviter ou à avoir, en gros "comment se vendre" en entretien, car avec le recul, un entretien n'est que la vente, nous sommes le produit, c'est tout.

A aucun moment, on ne m'a expliqué l'importance de créer son réseau, qui permet pourtant de pouvoir avoir des opportunités de travail.

Pourtant, n'est-ce pas le rôle même du collège et lycée de nous préparer au monde "réel" ?

Aujourd'hui, les rôles sont inversés

L'avènement des réseaux sociaux a changé la donne sur les recrutements, aujourd'hui, je me sens de l'autre côté de la barrière, je reçois des sollicitations quotidiennement, auxquelles je ne prends plus forcément le temps de répondre.

Je fais parti des gens qui sont chassés et qui se font solliciter par des chargés de recrutement presque quotidiennement. Quand je revois mon passé, j'ai vraiment l'impression d'avoir inversé les rôles. Mes collègues sont dans le même cas, aujourd'hui, nous n'avons plus forcément besoin de chercher des opportunités, les opportunités viennent à nous.

Les réseaux sociaux tels que LinkedIn ont sans doute jouer un rôle dans ce nouveau fonctionnement. Néanmoins, je reste dubitatif sur ces nouveaux réseaux. En effet, aujourd'hui, je dois avoir autant de chargés de recrutement que d'anciens collègues dans mes contacts, et quand je regarde mon fil d'informations LinkedIn, je me demande parfois si je ne me suis pas trompé de site et que je ne suis pas sur Facebook tant les informations sont diverses et .... étranges pour un réseau professionnel, parfois.

Je suis conscient que travaillant depuis plusieurs années dans le secteur du cloud et plus particulièrement sur AWS, j'ai un profil qui peut intéresser des entreprises, néanmoins des amis n'ayant pas le même cursus sont tout autant sollicités que moi.

En conclusion

Je terminerai donc ce billet en disant qu'il est difficile de débuter son parcours professionnel et que peu d'entreprises veulent aujourd'hui donner leur chance à des personnes sans expérience. Sauf que si personne ne fait cet effort, il est difficile d'en obtenir. Pour avoir contribuer à recruter des personnes avec et sans expérience, des "petits jeunes" sans expérience sont souvent bien plus motivés pour progresser, et je suis parfois tombé sur des personnes qui avaient compris comment bien se vendre de par leur expérience, mais qui n'étaient finalement pas si compétents que ça une fois en poste.

Je pense que l'éducation nationale devrait aussi mieux préparer au monde du recrutement, et non pas qu'au monde de l'entreprise avec les stages (qui sont souvent vu comme de la main d'oeuvre low cost par certaines entreprises).