French Tech - Interview de Xavier Pestel aka Xavki, YouTubeur émérite

French Tech - Interview de Xavier Pestel aka Xavki, YouTubeur émérite

Après une première interview fin 2020 d’Émile Vauge, j’ai décidé de renouveler l’expérience.

French Tech - Interview d’Emile Vauge, créateur de Traefik
Pour terminer cette année 2020, je vous propose un nouveau format pour ce blog,je vais interviewer ponctuellement des personnes qui composent le paysage de laFrench Tech ! Pour ce premier billet, j’ai eu l’occasion d’échanger avec Emile Vauge, le papade Traefik et de Containous, qui s’appelle de…

Aujourd’hui, je vous propose une interview avec Xavier Pestel, plus connu sous le pseudonyme de Xavki sur YouTube.

Il anime une chaîne basée sur le partage de connaissance sur des domaines techniques, ainsi qu’un blog sur le même sujet.

xavki
Des tutoriels et formations gratuites en français pour bien débuter sur des outils linux, devops et opensource. La chaine xavki c’est plus de 800 vidéos. Vous pouvez vous abonner mais également devenir membre. C’est disposer sans attendre des vidéos programmées mais en attente de publication (envi…
Xavki | Open your Sources..

Sans plus attendre, voici donc l’interview !

Afin de ne pas "dénaturer" le contenu de cet échange, cet article ne sera pas disponible en anglais.


L’interview

Ta chaine YouTube existe maintenant depuis un peu plus de deux ans, qu’est-ce qui t’a motivé à créer cette dernière ?

Bonjour. Très bonne question. Je suis quelqu’un qui aime comprendre les décisions et motivations des autres et donc après coup j’ai essayé de comprendre avec un peu de recul. Car si sur le moment j’ai eu l’impression pour moi de faire cela naturellement, derrière je pense qu’il y a eu plusieurs catalyseurs. On ne fait rien sans raison même si on n’en a pas conscience.

D’une part, jusque là, j’aimais mon travail. J’avais eu l’occasion d’apprendre auprès de personnes passionnées mais je n’avais pas encore eu de déclic. C’est un peu comme s’il me manquait un stimulateur. Et pour progresser dans mon acquisition de compétences, il me fallait un projet. Quand je dis projet, c’est quelque chose qui allait assouvir mes passions. Et ayant déjà été blogueur et youtubeur dans d’autres thématiques [immobilier, mode, seo…], et ayant eu l’occasion de vulgariser des choses au cours de ma carrière je savais que pour moi partager en faisant preuve de pédagogie était une motivation énorme [encore plus que l’informatique].

Dans le même temps, j’ai suivi plusieurs formations un peu décevantes. Non pas que le formateur soit mauvais mais plus sur la forme. Avec une durée trop courte [2-3 jours] et un rythme que je trouvais inadapté mais qui ne pouvait pas forcément être amélioré. Mon bilan était le suivant : on commence en retard le temps que tout le monde arrive et que l’on soit prêt, du coup on accélère au début notamment sur les concepts et après on empile plein de choses avec des options et paramètres en pouvant difficilement ralentir ou se poser pour bien assimiler. N’étant pas doué de facultés hors norme au niveau de la mémoire et la compréhension, j’ai souvent besoin de temps pour poser les choses pour les assimiler et les remettre dans un contexte plus général. Je dis toujours que je préfère comprendre qu’apprendre. Ainsi je préfère les concepts que les technologies en elles même.

D’autre part, à cette époque, je regardais beaucoup de vidéos en lien avec le devops. Et au fur et à mesure du temps, j’abandonnais les éléments que je pouvais considérer comme distraction [séries TV, gaming…], qui n’étaient pas quelque chose qui était un progrès pour moi. C’est un choix très personnel qui est venu naturellement et sans prendre ça comme une contrainte bien au contraire.

Par ailleurs, depuis mes débuts dans l’informatique il y a une dizaine d’années, j’ai remarqué que les pas n’étaient pas faciles à faire. J’avais souvent l’impression d’être entouré de champions du monde, de difficilement pouvoir poser mes questions [pas forcément lié aux gens eux-mêmes, mais plus sur la façon de présenter les choses en commençant parfois par les choses compliquées].

Et puis des motivations plus personnelles dans des moments où on voit des gens qui comptaient partir et où tu prends du recul pour te dire « que m’ont-ils appris ? ». Et cela peut se transformer en motivation assez extrême, au-delà de la passion.

C’est donc ce mélange qui m’a donné la motivation forte de vouloir réussir quelque chose de passionnant et pouvant servir à d’autres.

Tu as passé la barre des 18 500 abonnés [à l’heure où j’écris ces lignes]. À la création de ta chaine, pensais-tu capter un tel public ?

À chaque fois que je vois ce chiffre, je m’étonne. Pour moi quand j’ai commencé c’était un exercice difficile, car je n’étais pas assez aguerri sur les technologies. Donc au commencement je me disais "ça intéressera seulement quelques personnes mais bon au pire ça me servira d’exercice".

Je me disais même combien pouvons-nous être dans la sphère francophone à faire ce métier pour essayer de me dire si je captais au max X % ça pourrait faire y abonnés. Je me disais à 10 k c’est énorme. Finalement on est bien plus haut tant mieux. Cela veut aussi dire que les gens ont besoin de formation et que celle-ci soit adaptée. Cela veut aussi dire que l’on est beaucoup de passionnés.

Mon premier déclic aura été le retweet de Korben alors que je devais avoir 250 abonnés en 1 heure j’avais 500 abonnés. Et là je me suis dit qu’il y avait peut-être un vrai créneau. Et puis, depuis des années, je suivais grafikart et j’avais commencé avec le site du zéro. Grafikart est pour moi un modèle d’une personne qui a basé sa chaine sur le partage et qui ne l’a pas commencé avec une vocation marketing. Mon rêve serait de devenir le « Grafikart » du devops [Rires] et pas que par le nombre d’abonnés mais par la manière aussi.

Est-ce que la notoriété de ta chaine a changé des choses dans ton quotidien ?

[Rires] On est loin du statut de star de cinéma. D’autant plus que personnellement je veux garder « mon rang dans la société ». Je déteste les classements de valeurs par les apparences, les titres et choses peu factuelles. C’est-à-dire que je n’aime pas avoir ou exposer des choses pour me sentir ou me placer au-dessus de telle ou telle personne. Et cela est valable à la fois au titre de la notoriété/influence ou de la vie courante. Pour moi c’est un mal important de notre société actuelle.

La chaine a surtout changé mon quotidien avec une obstination de présenter toujours plus de choses et en voulant les compléter de plus en plus. Par moment cela dépasse même la passion…

Bien sûr j’ai pas mal de sollicitations tous les jours. Là encore j’ai appris lors de mon précédent blog à faire la part des choses entre les choses ou projets peu utiles dans mon projet et les autres. De la même manière avec les gens avec qui j’ai des contacts réguliers. D’ailleurs cela peut être mal interprété mais je ne souhaite pas travailler en équipe sur ce projet. Je souhaite garder une pleine liberté dans mes choix et dans le rythme des choses.

Comment gères-tu ton temps pour publier un flux continu de vidéo ?

Beaucoup de personnes me posent cette question. Publier 3 ou 4 vidéos par semaine semble beaucoup mais finalement c’est plus simple qu’à l’époque où je publiais 3 ou 4 articles par semaine sur un blog. Mes vidéos sont faites sans montage et je me sens à l’aise à le faire de cette manière, cela me permet d’être finalement assez efficace côté production.

Côté préparation et découverte c’est assez prenant par contre. Je passe 4 h par jour en moyenne, voir plus le weekend à assimiler des choses, faire de la veille et surtout simplifier des cas pour pouvoir les présenter en 15 minutes environ. J’essaie aussi de réfléchir la pédagogie pour que chaque personne puisse vivre cela comme un cheminement pédagogique et s’aguerrir encore plus avec les technologies.

Pour moi cela repose sur :

  • l’organisation : comprendre où sont les temps disponibles dans ta journée
  • s’adapter : en fonction de ces périodes certaines sont plus propices à certaines choses et d’autres à d’autres
  • quand je suis à quelque chose je dois y être à 100 %
  • éviter les choses qui appauvrissent notre temps
  • savoir jouer avec la variation de ses sources de motivations en fonction du moment
  • optimiser le temps-écrans vs livres
  • s’adapter au mode de transport
  • se comprendre et savoir quand ton esprit a besoin de vide et éviter d’avoir des idées

Et malgré tout cela garder en tête que l’informatique n’est pas primordial et a aussi ses effets négatifs que ce soit avec mes proches mais à l’échelle de notre société [données personnelles, comportement en société, environnement…].

Tu fais aujourd’hui partie du paysage du french Tech et tu partages beaucoup tes connaissances. Est-ce que cet aspect a un impact dans ton cadre professionnel, que ce soit au jour le jour ou lors d’entretiens par exemple ?

Lorsque j’ai passé plusieurs entretiens en 2020, je n’ai pas beaucoup évoqué ma chaine. D’une part, car ce que j’expose sur la chaine n’est pas mon « niveau de production ». D’autre part, car il ne faut pas mélanger les deux cela est important, car on ne sait pas de quoi notre avenir sera fait.


Remerciements

Je remercie Xavier d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. De plus, je le remercie de contribuer au partage des connaissances techniques pour les publics francophones, et permettre ainsi au plus grand nombre de comprendre la passion qui peut animer certains d’entre nous.