Contenu créatif : le dilemme de la monétisation

Contenu créatif : le dilemme de la monétisation

Lorsqu’on édite du contenu créatif (chaine vidéo, site web, blog, etc.), il peut parfois se poser la question de la monétisation.

Je fais partie des gens qui considèrent que ce n’est pas un sujet tabou que de parler d’argent pour son contenu.

Dans ce billet, je vous propose de faire un petit tour d’horizon des solutions et des pour et contre de ces solutions.

Pourquoi monétiser ?

Déjà, parlons du sujet de base : pourquoi monétiser son contenu ?

Pour ma part, je passe de (très) nombreuses heures sur ce blog, que ce soit pour :

  • Écrire mes billets
  • Faire des tests et expérimentations pour proposer toujours plus de sujets
  • Mettre à jour le site régulièrement (et toute l’infrastructure sous-jacente)
  • Répondre aux commentaires et messages que je reçois

De plus, il faut aussi être conscient que mes tests me coûtent de l’argent, car j’héberge ce contenu sur un serveur dédié et que je loue souvent d’autres solutions pour mes billets ou pour tester de nouvelles solutions. Par exemple, ce site me coute entre 15 et 30 € en moyenne par mois.

J’ai fait le choix d’assumer ces dépenses sans demander de contrepartie (je reviendrais sur ce sujet), mais ce n’est pas forcément simple ou à la portée de tout le monde.

Quelles solutions ?

De mon point de vue, il existe 5 niveaux différents pour monétiser son contenu :

  • Mettre un paywall : tout le contenu devient payant
  • Mettre un paywall partiel : le contenu reste gratuit, mais certains contenus sont payants (par exemple pour accéder en avance à des contenus non publiés ou des archives)
  • Mettre de la publicité : souvent mal perçues, les publicités sont aussi un moyen de rentabiliser son contenu
  • Mettre en place des partenariats : que ce soit de manière durable ou ponctuelle (par exemple une opération commerciale)
  • Faire appel aux dons : donner la possibilité à ceux qui le souhaitent de contribuer aux dépenses lorsque le contenu leur plaît

Je vais détailler ces 5 points ci-dessous.

Mettre en place un paywall

Le principe du paywall est assez simple, il consiste à mettre un paiement en amont de son contenu. C’est un modèle souvent utilisé dans la presse écrite par exemple dont les contenus sont uniquement accessibles aux abonnés.

De mon côté, Ghost permet de mettre en place du contenu payant de manière simple.

Du côté "pour", on notera :

  • Cela permet d’avoir une rentrée d’argent relativement fixe, estimable en amont
  • Cela permet aussi de fidéliser ses lecteurs payants

Pour le "contre" :

  • Du contenu payant uniquement peut rebuter les nouveaux lecteurs
  • Avoir un contenu uniquement payant empêche de fait l’accès à certaines personnes (par exemple les personnes n’en ayant pas les moyens)
  • Pour ma part, lorsque je paie un contenu, j’attends aussi un autre niveau que sur du contenu gratuit
  • Pour le créateur, on peut en arriver à créer pour attirer plus de monde et pas forcément sur ce que l’on aime

Mettre en place un paywall partiel

Nuance en dessous du paywall complet, on peut aussi mettre en place du contenu payant sous conditions.

Par exemple, je pourrais mettre en place un paiement pour accéder à mes articles en avance de phase. Cela permet de garder un niveau complètement gratuit, mais permet à ceux qui veulent accéder à plus de contenu plus vite de payer pour contribuer au site.

On retrouve donc les mêmes avantages et inconvénients que le premier point, mais en permettant au plus grand nombre d’accéder au contenu. C’est un compromis souvent utilisé par des créateurs de contenus (notamment sur YouTube). L’avantage étant surtout de ne pas fermer la porte aux nouveaux arrivants qui peuvent tout autant profiter du contenu.

Mettre de la publicité

Le sujet est d’actualité ces derniers temps, d’autant plus avec certains choix… discutables.

Le principal souci des publicités, outre la "pollution visuelle" qu’elle génère, est le tracking sous-jacent. En effet, la plupart des régies publicitaires suivent les utilisateurs de site en site pour vous proposer du contenu pertinent.

La publicité à pour moi plusieurs soucis :

  • Les revenus sont difficilement stables : une portion non négligeable des utilisateurs fonctionne aussi avec des bloqueurs de publicité.
  • La pollution visuelle : Une publicité bien intégrée peut ne pas être gênante, toutefois, très souvent la publicité va attirer le regard, surtout lorsqu’il s’agit de publicité animée.

Publicité : Paiement à l'impression ou au clic

Concernant la publicité, il faut noter qu'il y a deux modèles différents :
- Le paiement à l'impression : Vous recevez de l'argent au bout d'un certain nombre d'affichage
- Le paiement au clic : Vous n'êtes payé qu'au moment où des utilisateurs cliquent sur les bandeaux publicitaires

A noter qu'il y a parfois un mélange des deux, et ce point est géré par la régie publicitaire.
Il faut aussi être conscient que les publicités nécessitent un volume d'affichage conséquent avant d'être une source de revenus fiable. Les publicités paient souvent quelques centimes par dizaines de milliers d'affichages. Pour le format vidéo, on retrouve les mêmes principes, une publicité vue partiellement n'est pas rémunérée autant qu'une vue complète.

La publicité bien intégrée peut être bénéfique à un site, mais il est important de savoir où l’on veut mettre le curseur sur la vie privée des utilisateurs.

Mettre en place des partenariats

Il est aussi possible de mettre en place des partenariats, il existe pour ça plusieurs solutions.

Les liens affiliés

Par exemple, lors de mon article sur mon équipement de télétravail, j’aurais pu utiliser des liens affiliés, me permettant de gagner de l’argent au clic sur le lien ou lors d’un achat.

Mon setup de télétravail
Comme beaucoup, je suis en télétravail “forcé” depuis plusieurs semaines. Bien avant le CoVid, faisait déjà régulièrement du télétravail, j’avais investi un peu de temps (et d’argent) pour avoir un setup qui me permettait de travailler au mieux de chez moi. Petit tour d’horizon... Les liens Amazon …

Les liens affiliés peuvent toutefois être mal perçus par vos utilisateurs, car ils s’assimilent assez facilement à du tracking pour le revendeur.

Les opérations commerciales

Modèle souvent utilisé sur YouTube, il est possible de "sponsoriser" son contenu grâce à une entreprise tierce (par exemple un certain fournisseur de VPN), permettant de toucher un peu d’argent pour quelques secondes de publicité déguisée…

On peut aussi voir l’autre facette : l’opération commerciale, par exemple, dans un blog technique, on peut imaginer un test de matériel sponsorisé. Pour moi ce modèle est le moins contraignant, à condition que le test puisse être neutre (non-obligation de dire que le produit est au top).

Toutefois, pour ces deux solutions, il est nécessaire d’avoir acquis assez de visibilité pour être sollicité.

Faire appel aux dons

Les dons sont le dernier niveau possible. C’est le modèle que j’ai choisi, l’ensemble de mon contenu est accessible gratuitement, sans aucune contrepartie (que ce soit du tracking, publicité, etc.), mais il est possible de faire des dons pour les personnes qui le souhaitent.

Il faut toutefois être conscient que cela ne permet pas de rentabiliser facilement son site. Comme je l’ai dit, de mon côté, j’ai décidé d’assumer les coûts de mon site et je pars du principe que les dons sont un "à côté" me permettant de réduire les coûts.

Attention aux commissions des partenaires tiers

Actuellement, j’utilise "BuyMeACoffee" pour permettre aux gens de faire des dons sur mon site. Il faut savoir que ce partenaire prélève une partie de chaque paiement effectué.

À titre d’exemple pour le paiement d’un "café" à 3 $ sur buymeaccoffee, une fois ce partenaire et PayPal passés par là, je n’en perçois plus que 2.46 $, soit 18 % de prélèvement par les intermédiaires !

Je pense changer prochainement de solution, mais je me laisse encore quelques jours/semaines pour préparer correctement les choses !

Pourquoi je parle d’argent ?

Le sujet de la monétisation du contenu est souvent mal perçu, car les coûts de production de contenus ne sont pas forcément visibles.

Pour ma part, j’ai fait le choix de l’assumer, mais je suis conscient que ce n’est pas forcément à la portée de tous. Je considère que l’accès à la connaissance ne doit pas se monnayer et c’est pour cela que je cherche des solutions permettant à ceux qui le souhaitent de contribuer sans pénaliser ce qui ne peuvent ou ne veulent pas. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai choisi de tout héberger moi-même (même la partie vidéo).

Je profite aussi de ce billet pour remercier toutes les personnes qui ont contribué via leurs paiements depuis la création de ce blog, me permettant de réduire les coûts que j’engage !

Je fais partie des gens qui considèrent que l’argent n’est pas un sujet tabou, et je pense qu’il est au contraire important de se montrer transparent à ce sujet si l’on veut éviter de cultiver l’incompréhension des personnes sur le contenu payant (quel que soit le modèle choisi).