Est-ce vraiment plus vert dans le cloud ?

Est-ce vraiment plus vert dans le cloud ?

"It's greener on AWS", je ne compte plus le nombre de fois où j'ai entendu cette phrase lors de conférence autour d'Amazon.

Ce mantra que se répètent des entreprises pour avoir l'air cool est-il vrai ?

L'écologie, nouveau fer de lance des entreprises

D'année en année, les entreprises, et surtout les grands groupes, mettent en avant leur effort pour être toujours "plus vert". Chaque entreprise étant bien sûr plus engagée que son concurrent. Je me demande d'ailleurs comment nous pouvons avoir encore des problème liés à la pollution avec autant d'engagement...

Il ne faut pas se leurrer, l'écologie n'est pas réellement ce qui intéresse beaucoup d'entreprises, mais plutôt la rentabilité que cela apporte, sur plusieurs points :

  • Amélioration de l'image de l'entreprise auprès de l'opinion publique
  • Réduction des coûts assez drastiques sur certaines solutions "écologiques", comme par exemple la suppression de sac en plastique dans les grandes surfaces ou la suppression des pailles dans les fast-food. Ces coûts ne sont pas répercutés au client, alors qu'il représentent des économies substantielles.
  • Publicité gratuite relayée par les médias

Je pense néanmoins que certaines entreprises sont convaincues par l'écologie et font de réels efforts pour réduire leur empreinte sur notre planète. Toutefois, l'axe premier reste souvent la rentabilité que cela apporte.

C'est plus vert dans {{insérez votre fournisseur cloud ici}}

Les fournisseurs cloud sont les premiers à mettre en avant l'écologie, grâce à leurs datacenter optimisés et à la mutualisation massive des ressources. Si on regarde en un pour un entre un datacenter privé et le cloud, l'avantage brut est souvent pour le cloud. Pourtant, de mon point de vue, il s'agit d'un point de vue biaisé, qui ne montre que la partie émergée de l'iceberg.

Faire fonctionner les ressources de manière optimale

Commençons par le fonctionnement même du cloud. Pour permettre au client d'utiliser ce dernier, on va mettre à disposition des IHM et des APIs pour piloter leurs services. Ces derniers sont ultra redondé et toujours prêt à encaisser une lourde charge.

On va aussi devoir mettre à disposition du monitoring, de la métrologie pour observer le comportement des infrastructure sous jacente (je parle bien de l'infrastructure que le client ne voit pas), et être capable de réagir instantanément en cas d'anomalie.

Il faut aussi prendre en compte que pour provisionner aussi vite des services, le fournisseur cloud a donc à sa disposition un parc de machine permanent, quitte à ce qu'elle ne fonctionnent pas. La construction d'un serveur par exemple nécessite des métaux rares, et cette simple étape est déjà polluante.

Le cloud, facteur de croissance

Beaucoup d'entreprises le diront, migrer vers le cloud leur a permis d'être plus rapide, plus réactif, plus scalable. De répondre à toujours plus de demande et d'étendre et diversifier leurs produits.

Derrière ce point, se cache une autre réalité: la migration un pour un n'existe pas. En allant vers le cloud, on va souvent essayer de diversifier son marché, de mettre donc plus de services, plus de machines et donc de consommer plus.

Au final, le cloud n'est plus si vert lorsque l'on grossit dessus.

L'explosion des consommations réseau

L'avénement du cloud apporte aussi une problématique nouvelle. Les consommations de bande passante toujours plus importantes. Aujourd'hui, cela paraît normal de regarder un épisode de Netflix en 4k, ou de télécharger des mises à jour de jeux vidéos de plusieurs Go, ou d'envoyer la dernière vidéo à la mode sur Facebook. Pourtant le réseau coûte cher en énergie.

Pour accéder à l'un des sites que j'ai cité plus haut, votre connexion transite régulièrement pas plusieurs dizaines de serveurs. Ces serveurs consomment donc toujours plus d’énergie vu que notre consommation augmente toujours.

Beaucoup d'entreprises se sont un peu trop habituées à ce que leur clients aient une connexion fibre, de plus en plus répandue en France, ou bien une connexion 4G. Délaissant au passage les connexions plus lentes.

A titre d'anecdote, il y a quelques années, je jouait au jeu Ghost Recon : WildLands édité par UbiSoft. J'avais une connexion ADSL 2+ (avec un débit descendant moyen de l'ordre de 1 à 2 Mo/seconde). J'ai fini par arrêté de jouer au jeu, car chaque mise à jour pesait plusieurs Go.

Il est temps de réduire notre consommation réseau, et cela passe aussi par les entreprises qui doivent penser à ces points en developpant. Que ce soit des algorithmes différenciels pour les mises à jours, ou simplement réduire le poids des pages de leur site web (beaucoup de sites web nécessitent plus de 10Mo pour afficher leur page d'accueil!)

En guise d'exemple, Netflix consomme 15% de la bande passante mondiale à lui tout seul (chiffres d'octobre 2018), ce qui est juste collossal!

Entrepreneurs, à vous de montrer l'exemple!

En conclusion

Je pense que le cloud apporte beaucoup d'améliorations dans le paysage informatique. Par contre, beaucoup d'entreprises se cachent derrière le côté "greener" pour se donner bonne conscience.

La réduction de l'empreinte écologique passe aussi par des choix d'entreprise, comme réduire la bande passante nécessaire pour l'utilisation des services. Cela passe aussi par des actions plus concrètes que simplement dire qu'on tourne sur le cloud ... ou supprimer des pailles!