Attirer les plus jeunes vers l'IT

Attirer les plus jeunes vers l'IT

Il y a quelques jours, une campagne publicitaire du ministère du Travail essayait d’attirer des jeunes vers le métier de développeur, avec un raccourci pour le moins fallacieux : tu aimes tenir une manette, deviens développeur ! On ne parle pas de "digital", je devrais déjà m’estimer heureux !

Toi aussi tu aimes t’entendre parler sur TikTok, deviens politicien !

Quitte à faire des raccourcis stupides, je peux aussi m’y mettre !

Ce qui me pose des soucis dans cette communication, dans un premier temps, c’est qu’il n’y a aucun rapport entre être un joueur et être un développeur. Quand bien même l’un peut mener à l’autre (et vice-versa), il est possible d’aimer passer du temps à jouer et ne pas du tout être intéressé par le développement. J’avais d’ailleurs parlé du tremplin inverse pour moi, les jeux vidéos m’ont aidé à progresser dans l’IT :

“Arrête de jouer aux jeux vidéo, c’est pas comme ça que tu auras un vrai boulot!”
“Arrête de jouer aux jeux vidéo, ce n’est pas comme ça que tu auras un vraiboulot !”, cette phrase, je ne compte plus le nombre de fois où je l’aientendue. Vous l’aurez compris, aujourd’hui, je veux vous parler d’une de mespassions, les jeux vidéo. Dans l’esprit de beaucoup de gens, jouer est qu…

Dans un second temps, je trouve que cette communication est très réductrice sur le métier de développeur. Un développeur ne se contente pas d’"écrire du code", mais doit réfléchir en amont à ce code, optimiser son algorithme, maitriser de nombreux outils et méthodologie, etc. En gros, c’est un métier d’ingénierie, qui demande de la connaissance et ne s’improvise pas.

Attirer les plus jeunes vers les métiers de l’IT

Je suis le premier à vouloir attirer les plus jeunes vers les métiers de l’IT, car je pense qu’il existe de nombreux métiers passionnants. Toutefois, je ne pense pas que l’approche choisie ici soit la plus adaptée, car elle risque :

  • d’envoyer vers l’IT des gens qui ne seront pas intéressés en réalité
  • de montrer qu’il n’y a que du code dans l’IT

Les métiers de l’IT sont en effets très nombreux, et contrairement à ce que l’on pourrait croire en regardant des séries ou films, être dans l’IT ne se résume pas à écrire du code.

Je vous propose donc un petit tour rapide, non exhaustif.

Les métiers du DevOps et agile

Dans un premier temps, il existe effectivement des métiers où l’on écrit beaucoup de code. Je pense bien entendu aux développeurs et à leur homologue côté infrastructure et run, les Ops.

Ces deux métiers sont de plus en plus proches avec l’approche DevOps. Le développeur doit réfléchir et développer du code qui répond à des besoins technico-fonctionnels. Par exemple, je veux avoir un bouton bleu en haut à droite qui affiche un formulaire de contact qui sera envoyé sur mon CRM.

C’est là où l’on voit déjà deux types de développeurs :

  • Le développeur "front" : il s’occupera de développer le code qui affichera le bouton
  • Le développeur "backend" : il s’occupera de développer le code du backend qui gèrera l’envoi du formulaire

Note : Le schéma que j’ai décrit ici est simpliste pour expliquer l’idée, les développeurs ont souvent des tâches plus complexes.

L’Ops s’occupera quant à lui à mettre en place l’infrastructure autour de ce code. Il gérera donc le déploiement des machines, et autre service cloud pour héberger les applications, ainsi que leur cycle de vie, et les incidents de production qui vont avec !

C’est aussi l’Ops qui s’occupera de gérer l’aspect sauvegarde des applications, afin de permettre leur retour en ligne rapide en cas d’incident.

Nous en avions parlé avec mon ami Pierre Galdon dans le passé :

La difficulté de la mise en place du DevOps dans une entreprise
“DevOps”, ce mot, on ne peut plus voir une offre d’emploi dans l’IT à des postesd’infrastructure ou développement sans qu’il soit évoqué. De nombreusesentreprises prennent le virage du DevOps, les idées et les notions se mélangent,la cible est souvent floue, alors que les objectifs sont limpides,…

Nous pourrions aussi parler des scrums master (ou coach agile), dont le rôle est de guider l’équipe DevOps dans un cadre agile, permettant d’obtenir une meilleure productivité et limitant les frictions entre ces deux entités qui peinent parfois à se comprendre. Ce métier n’est par exemple pas du tout technique, mais purement organisationnel. Un scrum master n’a pas besoin d’écrire de code pour être bon dans ce domaine.

Les métiers de la sécurité

La sécurité informatique est devenue le fer de lance de beaucoup d’entreprises ces dernières années. En effet, de plus en plus d’entreprises sont victimes quotidiennement d’attaques informatiques et avoir une bonne équipe sécurité est indispensable.

La sécurité est un domaine dans lequel la curiosité et la veille technologique sont indispensables.

Je vais parler ici de 3 facettes : le SecOps, le pentester et le RSSI.

Le SecOps est l’alter ego de l’Ops, mais axé sur la sécurité. Typiquement c’est lui qui va aider les équipes à déployer des solutions d’infrastructure sécurisée, tout en répondant aux besoins. Le rôle d’un secops est d’accompagner le changement et d’automatiser autant que possible l’outillage allant avec la sécurité (scan de vulnérabilité, test automatique d’intrusion, etc.).

Le pentester est quant à lui souvent externe à l’entreprise (mais pas toujours). Son but sera d’éprouver la sécurité d’une infrastructure, à la demande de clients, pour évaluer son niveau de sécurité et ses failles éventuelles. Il s’agit d’un métier technique où le but est de chercher la moindre faille. Il s’agit de savoir s’adapter à la structure que l’on attaque.

Enfin, j’ai choisi de parler du RSSI, même si en fonction des entreprises, cela se discute. Le RSSI (Responsable de la Sécurité des Systèmes d’Information) est le garant de la sécurité de l’entreprise. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas un rôle technique. Un RSSI fait en effet de la gouvernance, il indique les règles de sécurité à appliquer et définit un cadre sécurité pour l’entreprise au sens très large (y compris juridique par exemple).

Les métiers de l’assurance qualité

Une facette souvent oubliée de l’IT, il y a aussi des gens qui sont spécialisés dans les tests. Leur métier est donc de tester ce qui a été mis en place par les équipes citées plus haut afin de vérifier que tout est conforme à ce qui est demandé.

Le but est aussi d’essayer de trouver des cas d’anomalies afin de les documenter et les remonter aux équipes DevOps afin de les corriger.

Les testeurs sont indispensables dans une entreprise afin de limiter autant que possible des anomalies en production. Un peu comme le pentester, le testeur doit réussir à trouver des cas qui vont faire planter l’application ou obtenir des résultats anormaux ou incohérents.

Du design aussi dans l’IT

On parle souvent de code, mais on oublie la facette principale de nos jours, le design.

Pourtant, je connais peu d’applications qui pourraient exister sans les métiers créatifs.

Que l’on parle du graphiste, qui va réaliser la charte graphique de votre site, ou de l’animateur 3D qui va animer des vidéos (pour des jeux vidéos par exemple).

Pour terminer

Le but de ce billet n’est pas de lister l’ensemble des métiers de l’IT, mais plus de montrer la richesse de nos métiers. L’IT a de nombreux métiers avec des facettes multiples.

Je ne pense pas que faire des raccourcis joueur = développeur aident sur ce sujet. Au contraire, cela risque juste d’amener des gens vers l’IT alors que cela ne les intéresse pas. De même, il est nécessaire pour moi d’expliquer au plus tôt cette richesse dans nos métiers, dès le collège.

Et vous qu’en pensez-vous ?